Liminaire CGT CSE Siège du 20 mars 2024

Une télé de C

Du lundi au vendredi, à partir de 17h, France 5 diffuse la télé de C.

« C dans l’air », « C à vous », « C à vous la suite ».

Tous les soirs, c’est plus d’un million de téléspectateurs qui regardent ces programmes. C une réussite.

Mais l’âge moyen du téléspectateur, c’est 67 ans. C l’horaire.

Les actifs à cette heure-là, ont autre chose à faire, soit ils sont encore au travail, soit ils sont dans un tunnel enfants, ils n’en verront le bout que lors du libérateur « Les dents, pipi, au lit ». C la vie.

Mais le téléspectateur ne sait pas forcément que ces programmes ne sont pas fabriqués par France Télévisions, ils sont achetés clefs en main à un producteur privé. C Médiawan.

Ils sont produits et tournés au siège de ce groupe dont le chiffre d’affaires était en 2022 de 29 millions d’euros. Médiawan c’est une société de production entre les mains de milliardaires et dirigée par Pierre-Antoine Capton, un proche du locataire de l’Élysée.

Et si notre téléspectateur n’en a pas assez des C, il pourra en 2ème partie de soirée, regarder « C ce soir », et « C ce soir ». C Banijay.

Encore une société entre les mains d’un milliardaire.

Et ce n’est pas fini, la nuit, toutes ces émissions sont rediffusées, et le week-end, « C L’Hebdo », encore la télé de C, C comme Capton. C en boucle.

C’est donc tous les jours, plus de 7 heures de programmes achetés à des hommes d’affaires puissants, souvent proche du pouvoir. C un fait.

Et ces émissions, de quoi parlent elles ? De l’actualité, de politique, des sujets de société qui flottent dans l’air du temps, elles informent des téléspectateurs qui bien souvent retraités, n’ont plus accès à la réalité de ce que vivent les citoyens actifs. Elles contribuent à fabriquer l’opinion. C très bien. 

Mais… C une responsabilité.

Le 11 mars dernier, le journal Le Monde publiait un sondage Ipsos donnant des résultats étonnants sur les intentions de vote pour les prochaines élections européennes. Seulement 4% des 18-29 ans sont prêts à voter pour la majorité actuelle, contre 29% pour les plus de 70 ans, et les 2 tiers des plus de 60 ans. En d’autres termes, notre jeune président et son, encore plus jeune, premier ministre, n’intéressent plus que les séniors, autrement dit, notre téléspectateur de cette télé de C. C inquiétant.

Comment notre rédaction, une des plus importante de France, a-t-elle pu laisser entres les mains d’hommes d’affaires, une part non négligeable de sa ligne éditoriale ? Même le président s’est invité en décembre dans l’émission « C à vous » de son ami Capton, qu’il venait de décorer quelques mois plus tôt de la légion d’honneur. C troublant

Il n’est pas nécessaire de regarder tous les soirs ces programmes pour constater que le pluralisme n’est pas toujours de rigueur. OK, ce n’est pas C News, mais ce n’est pas terrible non plus.

Des experts autoproclamés, des essayistes et des éditorialistes bien en cour, qui récitent impeccablement les éléments de langage gouvernementaux, rien de révolutionnaire. C pas le grand soir.

Toutes les démocraties sont confrontées au même problème, le vieillissement de leur population et de facto, un déséquilibre électoral entre actifs et retraités. Autrement dit, les jeunes ne sont plus assez nombreux pour contrebalancer le vote de leurs parents et grands-parents. La bascule s’est faite au milieu des années 2000, quand les babys boomers ont pris leurs retraites. Si ces derniers restent des électeurs à part entière, C notre père, C notre grand-mère.

Cela soulève tout de même une question légitime : Sommes-nous tous égaux devant un programme électoral ? Les lois travail, les ordonnances Macron, les reformes du chômage, la réforme de la formation professionnelle, des retraites, ne touchent pas équitablement tous les électeurs.

Un non-actif n’est plus concerné par toutes ces régressions sociales, pourtant, il vote majoritairement pour ceux qui les portent. C gênant.

Alors quand des programmes de télévisons sont à ce point suivis par cette population, c’est un devoir d’en contrôler la ligne éditoriale, de la surveiller attentivement et donc de ne pas la laisser entre les mains d’hommes d’affaires qui ont tout intérêt à ce que des lois passent pour faire fructifier leurs petites entreprises. C une évidence.

Si on ne le fait pas, on s’expose à des suspicions de collusion, à des accusations d’être un média gouvernemental. C inévitable.

Et finalement, on prend le risque de se retrouver épinglé dans un slogan électoral :

Les téléspectateurs de « C dans L’air » votent, et vous ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Paris, le 20 mars 2024

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