Préambule CGT CSE Siège du 19 janvier 2022

Des mots sans les actes

« Je souhaite à chacune et à chacun d’entre vous une année pleine de réussite et d’épanouissement sur le plan professionnel et d’accomplissements personnels ». Les vœux de la Présidente de France Télévisions seront allés droit au cœur des 8 salariés intermittents du Centre de Diffusion et des Échanges, le CDE, qui ont appris le 31 décembre, par une lettre recommandée, qu’ils perdaient leur travail, séance tenante.

Alors qu’ils avaient déjà toutes leurs vacations de janvier, inscrites au planning, la RH effaçait tout, sans crier gare et dans le dos du chef de service, qui n’était même pas au courant. Au 31 décembre, la chasse aux ETP a fait 8 nouvelles victimes.  

10 jours après, autre lettre de licenciement, celui d’une adjointe du pôle fabrication de la DRM, pour « insuffisance professionnelle », expression juridique fourre-tout, qui permet de licencier un cadre, du jour au lendemain, avec une lettre à la poste.

On y est habitué, c’est presque la marque de fabrique de Delphine Ernotte, qui sait manier sans pareille les expressions séduisantes : « entreprise responsable et citoyenne, en lien étroit avec ses valeurs et ses missions de service public… équité cohésion sociale… », comme on peut le lire sur l’intranet. La Présidente, s’engage, signe des chartes, accumule les labels : diversité, égalité professionnelle, responsabilité sociétale, responsabilité environnementale, charte des temps, raison d’être…

Quel contraste entre les paroles et les actes ! Après le projet de transfert des émissions historiques à France TV Studio, avec ses 80 salariés, après les illustrateurs sonores du montage de l’info et maintenant le service vérification du CDE, est-ce que la direction réalise bien l’effet dévastateur sur les collectifs de travail ? Nous sommes là pour faire entendre la voix des salariés qui demandent des comptes sur cette gestion des ETP, qu’elle applique de manière méthodique et sans âme 

Autre exemple avec les journalistes de la rédaction numérique. Le 30 novembre dernier, ils ont fait grève à 93 %, pour demander qu’on embauche, afin de faire face à la masse d’informations qu’ils traitent chaque jour : franceinfo.fr se classe deuxième des sites d’information, derrière le Figaro, avec 21 millions de visiteurs uniques. Ils méritent bien des renforts !

Non, répond le directeur de l’information : « Je n’ai aucun ETP à vous annoncer ». Pourtant, ils ont bien lu, comme nous, l’accord cadre RCC, qui engage la direction. On y lit : « France Télévisions doit accélérer sa transition vers le numérique… renforcer les équipes dédiées à l’offre numérique et accroître la puissance de la plateforme d’information ». C’était en mai 2019, depuis, la rédaction numérique a gagné zéro ETP, alors que le travail qu’on leur demande ne cesse d’augmenter. Que valent les engagements de France Télévision ?

Et sur le plan de l’éthique, de la morale, c’est encore moins glorieux. Le Rallye Dakar vient de se terminer en Arabie Saoudite. Pour la troisième année consécutive, France Télévisions s’est rendue complice de l’opération de communication de la dictature saoudienne. Pendant deux semaines, les caméras des sports nous ont présenté l’Arabie sous son meilleur angle. Côté rédaction et 20 heures, aucune équipe n’a été envoyée pour nous montrer la vraie face de la dictature, qui bafoue tous les droits humains et pratique massivement la peine de mort. Déjà, début décembre, à l’occasion du voyage d’Emmanuel Macron, le 20 heures avait brillé par son silence : aucune évocation de la guerre au Yémen, aucun reportage en Arabie, pour ne pas froisser le « premier client de la France en matière d’armement ».  

On cherche la télévision citoyenne, nous ne la trouvons pas.

Paris, le 19 janvier 2022

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