Le succès de la grève et de la manifestation du mardi 28 juin a administré la preuve que les salariés sont capables de se lever pour défendre une idée : celle d’un service public fort et indépendant.
Cette mobilisation a montré le rôle indispensable des bons vieux syndicats et de la CGT, qui a joué un rôle déterminant dans l’organisation de ce mouvement unitaire. Les salariés ont fait le reste.
Parmi les enjeux du financement, le droit à une information qui ne dépend ni du Pouvoir, ni des milliardaires. Pour cela il faut des ressources financières, garanties sur le long terme, tout le contraire de la saignée administrée par Emmanuel Macron depuis 5 ans.
Les journalistes des rédactions sont invités à se prononcer sur l’emploi et l’éditorial, mais quelle est la question ? Cela revient-il, en creux, à approuver la ligne éditoriale actuelle des JT ?
Quelle est la question ?
La couverture de la guerre en Ukraine, avec des équipes qui prennent des risques, ne peut faire oublier les énormes ratages du 20 heures : lourd silence sur les droits humains en Arabie Saoudite (81 condamnations à mort le 12 mars) et sur la guerre au Yémen, sur l’Afrique présentée le plus souvent comme un paradis pour touristes, sur les élections en Colombie, sur le traitement du social (rien sur la victoire des femmes de chambre de l’Ibis Batignolles, aucun sujet sur le congrès de la CFDT, entre les deux tours des législatives, et en plein débat sur les retraites et le pouvoir d’achat) et ce ne sont là que des exemples.
L’éditorial est-il un sujet tabou dans les assemblées générales ? Défendre l’information de service public, impose aussi de se poser les questions qui fâchent. On peut remplacer un directeur, mais ce sont les rédacteurs en chefs et les présentateurs, qui ont la main sur les conducteurs.
Ce sont les mêmes qui imposent des tournages en kit, de filmer à l’iPhone, les micros-trottoirs à la pelle… Des dérives qui pèsent lourd dans la perte de sens au travail et dans la fierté de participer à notre mission commune d’informer.
Parlons aussi de l’avenir du 19/20. De rabougrissement en rabougrissement, il risque de suivre le même sort que Soir 3, avec une agonie plus longue et plus douloureuse pour ceux qui y sont attachés.
Les rédactions souffrent. Au numérique, à France Info, à la rédaction nationale, les coupes budgétaires et la chasse aux ETP rejaillissent sur la charge de travail et la qualité de l’info.
De moins en moins de temps, de moins en moins de bras… Rien n’est inéluctable, la forte mobilisation de mardi, pour la redevance, montre que nous avons la capacité de faire barrage au Pouvoir qui veut nous asphyxier.
Paris, le 30 juin 2022
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