Quand l’exigence sociale refait surface
La pandémie recule et c’est une bonne nouvelle du moment. Les courbes montrent un très nette diminution des contaminations dans le pays, le nombre de patients à l’hôpital est en baisse, en particulier en soins intensifs. Au Siège, avec 3 cas de COVID au 2 juin, le pire semble être derrière nous, même si nous ne devons pas baisser la garde et serons très attentifs aux conditions de retour sur site de salarié-e-s qui en sont absents depuis près de 15 mois. Pour autant, à mesure que l’ombre de l’épidémie s’estompe, l’exigence sociale refait surface. Et elle reprend ses droits dans un nombre considérable de secteurs.
Dans les régies, où nous apprenons qu’après plus de 20 ans de bons et loyaux services, un technicien vidéo vient de se faire licencier brutalement, après un pourvoi en cassation d’une direction particulièrement acharnée. Gilles travaille depuis des années dans l’entreprise, il est reconnu et apprécié pour ses qualités professionnelles et humaines, jeté comme un kleenex par la direction, il reçoit le soutien de tous ses collègues et des syndicats, qui exigent sa réintégration immédiate.
Sur les plateaux du Siège, où un préavis de grève intersyndical a été déposé à compter du 14 juin, suite au rejet unanime par les électriciens éclairagistes du projet d’évolution des modes d’exploitation de l’éclairage. Un rapport d’expertise accablant démontre de graves manquements de la direction, touchant à la sécurité des installations, depuis l’externalisation aveugle de la maintenance. Un avis négatif unanime du CSE est venu conforter la colère des équipes, qui exigent l’arrêt du projet, le rétablissement sans délai des conditions de sécurité et l’élaboration avec eux d’un projet alternatif.
A la direction des antennes et programmes, où le transfert des équipes de production des émissions à FTV Studio (le projet TEPI) ne passe toujours pas la rampe. Les preuves d’une entité économique autonome sont loin d’avoir été apportées et une première audience est d’ores et déjà prévue au tribunal judiciaire de Paris le 17 juin, à l’initiative du CSE du Siège et du CSE Central de FTV.
Au service des preneurs son de reportage, qui dépend de la direction de l’information, le malaise commence à être entendu. Une adresse signée par la totalité du service dénonce la baisse des emplois et le dévoiement du métier. Les OPS sont de plus en plus souvent évacués des équipes tournage des reportages, au profit de taches annexes, avec en ligne de mire, leur devenir en techniciens ultra polyvalents et un seul but pour la direction : réduire les ETP coûte que coûte.
Au PC Info, une lettre ouverte en forme de SOS, a été adressée au directeur de l’information. Surchauffe générale, explosion des demandes, asphyxie aux heures de pointe avec les conséquences sur la santé des salariés, pointées par une enquête de la CSSCT. Le service a vu ses conditions de travail se dégrader d’année en année avec une surcharge liée à la prise en charge de France Info, puis de l’antenne France 3 Paris Ile-de-France, depuis son déménagement au Siège fin 2019. A cela se sont ajoutés les réceptions d’images par transmission 4G et les téléchargements internet qui se sont multipliés dans un fonctionnement en mode dégradé. Les exigences des rédactions en chef deviennent démesurées, sans tenir compte de la gestion des flux et allant bien au-delà des capacités du service en sous-effectif chronique.
Au service JRI, le constat est celui d’un quotidien déprimant, avec micro trottoirs et sujets en kit, la multiplication du cadrage des directs, qui prend le pas sur le reportage, des conditions de voyage dégradées et un oubli manifeste du Guide des bonnes pratiques. La direction y envoie le pôle conseil et accompagnement, nouvellement crée auprès de la DRH, pour tenter de dénouer la crise.
A la rédaction numérique, où ce sont les conditions sanitaires du retour sur site qui inquiètent, après 14 mois de télétravail à 100%. Retour sous surveillance pour le desk « chaud », surtout pendant les actus fortes. Saura-t-on y respecter la jauge, le port des masques, assurer l’aération et le renouvellement de l’air, dans un open-space privé de fenêtres ?
Au CDE, entre les postes vacants non pourvus, les détachements ou les missions, les départs non remplacés dans le cadre de la RCC, les renforts nécessités par la formation, les tensions sur l’emploi deviennent insupportables. Et si la période de réorganisation transitoire avant bascule de la totalité des chaines sur la control room se prolonge jusqu’en juin 2023, devra-t-on attendre encore deux ans avant de stabiliser les postes ?
Enfin, après l’alerte lancée le mois dernier en CSE sur l’explosion de la durée du travail des salarié.e.s au forfait jour, force est de constater que rien n’a bougé. Cette semaine encore, on continue d’imposer des amplitudes de 50, 55 voire 60 heures par semaine dans les rédactions et ailleurs. Que vaut la signature de notre présidente sur la charte des temps ? Que vaut son engagement à faire respecter l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle ?
Le SOS des salarié.e.s, dans de nombreux services, est bien pris en compte par le CSE et par les élu-e-s de la CGT, qui sauront jouer pleinement leur rôle pour protéger les conditions de travail et de santé des salarié-e-s du Siège, où qu’ils se trouvent, et quel que soit leur métier.
Le 9 juin 2021
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