Préambule CGT CSE Siège du 11 et 12 mai 2021

« Il faut protéger notre indépendance »*

En ouverture de ce CSE, les élus CGT tiennent à réaffirmer leur soutien à deux journalistes.

D’abord au directeur de l’antenne régionale France 3 Centre-Val de Loire, menacé de mort sur les réseaux sociaux.

Jean-Jacques Basier, ancien rédacteur en chef de Soir 3 et qui était il y a quelques mois encore rédacteur en chef à France Info a refusé de diffuser, sur l’antenne de France 3 Centre, un documentaire, livré clef en main et financé par la ville d’Orléans, à la gloire des Fêtes de Jeanne d’Arc.

Son nom a été jeté en pâture par le maire d’Orléans, furieux, sur le plateau de CNEWS. Il s’en est suivi une déferlante de haine sur les réseaux sociaux jusqu’à des menaces de mort. La CGT dénonce l’attitude irresponsable d’hommes politiques et de CNEWS qui fait de la promotion des idées d’extrême droite, son fonds de commerce.

Ensuite à Daniel Bouy, journaliste de France 3 à la retraite et ancien secrétaire du Comité d’Établissement de France 3 Paris Ile de France.

Le 1er mai, alors qu’il filmait, le défilé pour l’Observatoire Parisien des Libertés Publiques, qu’il était bien identifiable avec son casque bleu clair et sa chasuble blanche et que tout était calme, un groupe de policiers des Brigades de Répression de l’Action Violente, a fondu sur lui pour le matraquer. Une vidéo en atteste, à voir ici

Chaque jour des policiers se font agresser ou pire encore se font tuer, l’actualité le rappelle et la CGT est aussi solidaire des victimes membres des forces de l’ordre. L’agression dont notre ancien collègue, Daniel Bouy a été la cible, le 1er mai, et les violences policières dans les manifestations, sont d’autant plus révoltantes qu’elles entachent l’action et la réputation de toute la police.

Le 1er mai a aussi donné lieu, en fin de manifestation, à l’agression totalement gratuite de militants de la CGT par des individus mal identifiés. Nous ne faisons aucun lien et aucun amalgame entre ces faits, mais nous en revenons à la mission de FTV qui est d’informer sur cette inquiétante montée des violences et de l’extrême droite.

Et nous posons la question : les téléspectateurs du 20H ont-ils été correctement informés des faits : comment cela s’est-il passé ? Pourquoi les camionnettes se sont-elles trouvées bloquées ? Qui étaient ces agresseurs des militants CGT ?

Au lieu de ce décryptage attendu, les téléspectateurs ont eu droit à une pseudo analyse sur le déclin de la CGT, recyclant un article du Figaro paru trois jours avant, en y ajoutant un pseudo expert issu des rangs de l’extrême droite et d’officines patronales bien peu fréquentables.

Dans le « vrai ou Fake », France Info, au moins a essayé de faire ce travail. Le 20 heures, concentre toutes les critiques, en accumulant les impasses éditoriales. Pas un mot sur les élections dans les Très Petites Entreprises (TPE) en mars-avril. La tribune des généraux et militaires séditieux dans Valeurs Actuelles, un seul sujet et pas de décryptage.

A l’étranger, rien sur les droits humains en Arabie Saoudite, pendant et après la couverture du Rallye Dakar par FTV, rien sur la commission Duclert sur le génocide au Rwanda, aucun sujet de mise en perspective sur la mort du président tchadien Idriss Déby, rien depuis trois mois sur la répression des Ouïgours en Chine, la Palestine n’existe plus sauf depuis les émeutes d’il y a 3 jours, Israël vaccine, mais il n’y a pas eu d’élections, et toujours pas de changement de Premier Ministre…

Le 3 mai sur France Inter, Delphine Ernotte lançait un message d’alerte sur l’indépendance des médias publics en Europe. Elle enfonçait le clou le 9 mai dans une ITW au JDD, lançant un cri d’alarme « face aux attaques directes et massives de la part des pouvoirs en place ». Certes nous ne sommes pas en Hongrie, en Pologne ou en Tchéquie, mais à regarder le 20 H, on peut se demander si l’information à FTV, FTV donne encore au citoyen la possibilité d’avoir un avis éclairé. Si elle est vraiment indépendante, libre de toute pression, un « véritable marqueur de la démocratie » comme elle l’affirme dans la même ITW.

Formatage d’une information politiquement correcte, course à l’audimat, suivisme et surtout ne pas se fâcher avec le pouvoir politique… Attention toutefois, quand les citoyens ne se reconnaissent plus dans leur télévision, la défiance peut vite tourner à l’hostilité.

Paris, le 11 mai 2021

* Delphine Ernotte, PDG de France Télévisions, dans le JDD du 9 mai 2021.

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